Soutenir l'activité autonome en collectivité 0-3 ans (ONE-2019)
Pour certains enfants non encore sécurisés, la proximité physique et la disponibilité psychique du professionnel est nécessaire pour pouvoir jouer. Puis, en prenant la mesure de sa capacité à jouer seul, l’accueillant(e) peut progressivement s’éloigner, tout en restant visible. Des observations récurrentes d’un enfant qui joue peu doivent nous alerter et nous encourager à intensifier nos
efforts pour le sécuriser. Essayer de le distraire à tout prix ne peut que l’insécuriser. Il peut être utile de reproposer un moment de familiarisation, de consolider certains points de repères, de travailler à un meilleur partenariat avec les parents pour que cet enfant trouve ses marques et commence à jouer.
Il n’y a pas besoin d’occuper ou d’animer les enfants, pas besoin de leur donner à faire des activités dirigées. Ils ont par ailleurs besoin d’être soutenus dans leurs explorations et d’avoir du matériel « à se mettre sous la dent ». S’il y a bien une activité à encourager durant les premières années de la vie, c’est l’activité autonome.
L’enfant a besoin de bricoler, dessiner, peindre, chipoter dans les matières mais il n’a pas besoin d’une activité dirigée de bricolage, peinture ou coloriage.
Lors de nos propositions ludiques aux enfants, favorisons la motricité libre, dès le plus jeune âge. Ainsi déposer bébé au tapis entouré de quelques objets légers, faciles à attraper conviendra mieux au développement de ses mouvements que de le laisser longtemps dans un relax, sous un portique. Pensons également à l’importance de ne pas installer l’enfant dans une position qu’il n’a pas acquise de lui-même et qu’il ne peut quitter tout seul.
Stimulons la sensorialité de l’enfant en lui proposant des bacs sensoriels contenant toutes sortes de matières (riz, farine, sable, eau, marrons, bouchons,…) qu’il pourra manipuler spontanément sous le regard bienveillant de l’adulte. Retirons les chaises autour des tables lors des jeux de puzzles, pâte à modeler, construction pour permettre à la motricité globale de
se déployer. Pour le graphisme, privilégions le sol ou les panneaux verticaux munis de grandes feuilles vierges (et non des dessins à colorier) et des outils scripteurs (gros marqueurs, crayons gras...) qui sollicitent la prise en main globale plutôt que la pince digitale.
Les observations scientifiques ont démontré que c’est le matériel moteur (modules, parcours psychomoteurs, plaine de jeux) qui permet le plus d’échanges entre enfants. Tenant compte du fait qu’il est celui qui sollicite également le plus la motricité globale, il n’est pas étonnant de voir que ce type de matériel soit plébiscité tout au long de la journée. D’autres études ont montré que disposer des jouets en multiples exemplaires identiques engendre plus de comportements imitatifs donc plus d’interactions entre les enfants. On a aussi pu mettre en évidence l’intérêt de diviser les enfants en petits groupes : ils jouent mieux, sont plus calmes et communiquent plus aisément parce qu’à cet âge, leur communication préverbale réclame la proximité et un nombre restreint de partenaires.
Toutes les études convergent vers l’idée que jouer dehors améliore la santé (augmente le bien-être, renforce le système immunitaire, diminue le stress, le diabète, le risque de myopie, les allergies), appelle des émotions agréables, stimule les capacités motrices et langagières, accroît les capacités de concentration, stimule les processus d’apprentissage, augmente la confiance en soi, renforce la connaissance de soi et des autres, favorise les comportements d’entraide et de solidarité. Et puis, nul besoin de convaincre quiconque : sortir au grand air amène une bonne fatigue favorisant un sommeil de qualité.